Osho est un des enseignants spirituels contemporains les plus provocateurs, il a toujours dénoncé l’hypocrisie des religions qui présentent le sexe comme un péché.

Pour Osho et le Tantra, le sexe est notre unique énergie ; c’est l’énergie de la vie.  On peut en faire ce qu’on veut, vivre une vie sexuelle réprimée ou transformer cela en superconscience. Voici un extrait d’un discours de 1968 où il parle de l’énergie sexuelle et de sa transmutation.

Les humains ont commencé à se battre contre le sexe et cette lutte s’est développée en d’innombrables perversions. Plus une société est civilisée, plus on y trouve de prostituées. Avez-vous jamais réfléchi pour savoir comment l’institution de la prostitution est apparue à l’origine? Pouvez-vous trouver une prostituée dans les tribus des contrées sauvages? Impossible. Ces gens ne peuvent même pas imaginer qu’il y a des femmes qui vendent leur corp, leur honneur, qui négocient le sexe pour de l’argent. C’est un fait que, plus la civilisation progresse, plus il y a de prostituées. Pourquoi? Nous serions encore plus stupéfiés si nous devions énumérer toutes les perversions sexuelles qui se sont développées. Qui est responsable de cet état de choses? La responsabilité incombe à ceux qui ont appris aux gens à réprimer le sexe, à se battre contre le sexe au lieu de le comprendre. À cause de cette répression, l’énergie sexuelle humaine fuit par les mauvais exutoires. La société humaine entière est malade et souffrante. Pour que cette société malade soit transformée, nous devrons accepter l’énergie sexuelle et considérer l’attraction du sexe comme naturel.

Pourquoi cette attraction par le sexe? Si nous pouvons comprendre la base fondamentale de l’attraction du sexe, nous pouvons élever les humains hors du monde du sexe. C’est seulement quand un être humain va au-delà du monde de kama, le monde du sexe, que le monde de Rama, le monde de la divinité, commence.

Je suis allé à Khajuraho, en Inde, avec un groupe d’amis pour voir les temples. Là-bas, les murs extérieurs, à la périphérie du temple, sont sculptés et décorés avec des scènes d’actes sexuels, décrivant les différentes positions. Mes amis ont demandé comment ces sculptures pouvaient décorer un temple! Je leur ai dit que les bâtisseurs de ces temples étaient des êtres dotés d’une grande compréhension. Ils savaient que le sexe existe sur la circonférence de la vie et ceux qui étaient encore captifs du sexe n’avait pas droit d’entrer dans le temple. Je leur ai demandé d’entrer et je les ai menés à l’intérieur. Là, il n’y avait aucune statue de cette sorte. Mes amis ont été étonnés parce que le sexe n’était décrit nulle part. Je leur ai expliqué que c’est seulement à la périphérie, sur le mur extérieur de la vie, que le sexe et la passion existent; l’intérieur est le temple de Dieu. Ceux qui sont toujours sous le charme de la passion et du sexe n’ont pas encore droit d’entrer dans le sanctuaire du temple; ils devront errer autour des murs extérieurs.

Les créateurs de ces temples étaient des gens très sages. C’était un temple de méditation; ce temple était un centre pour la méditation. Ils disaient aux candidats de méditer d’abord sur le sexe, de méditer sur les scènes représentées sur les mur extérieurs, puis, quand ils avaient parfaitement compris le sexe et qu’ils étaient certains que leur esprit en était libéré, ils pouvaient aller à l’intérieur, car  ils pouvaient alors rencontrer le dieu intérieur. Aujourd’hui, au nom de la religion, nous avons détruit toute possibilité de comprendre le sexe. Nous avons créé l’inimitié envers le sexe. « Nul besoin de comprendre le sexe; fermez les yeux sur lui et faites irruption dans le temple les yeux fermés », disons-nous. Quelqu’un peut-il jamais entrer dans le temple de Dieu les yeux fermés? Même si vous le faites, vous ne serez pas capables de voir Dieu avec les yeux fermés. À la place, vous verrez seulement ce que vous avez fui et vous ne resterez attachés qu’à cela.

À m’écouter, d’aucuns pensent peut-être que je suis un propagandiste du sexe, que je propage le sexe. Dans ce cas, dites-leur, s’il vous plaît, qu’ils ne m’ont aucunement compris. Actuellement, il est difficile de trouver sur terre un plus grand ennemi du sexe que moi. Car, si ce que je dis est compris, les humains iront au-delà du sexe. Il n’y a aucune autre voie. Les pseudoprédicateurs que vous avez pensé être les ennemis du sexe ne sont pas ses ennemis du tout. Ils ont créé l’obsession du sexe, pas l’affranchissement; leur opposition véhémente a créé la folle attraction.

Un homme m’a dit qu’il n’y aura aucun plaisir à faire quelque chose qui n’est pas interdit ou blâmable. Comme nous le savons tous, le fruit volé est toujours meilleur que le fruit acheté. C’est aussi pourquoi votre propre femme ne semble pas aussi attirante que la femme du voisin. L’autre est comme un fruit volé; l’autre est un plaisir interdit. Nous avons créer la même situation autour du sexe. Nous l’avons recouvert de tant de mensonges, nous l’avons emprisonné derrière tant de murs, qu’il est devenu intensément attirant. À ce sujet, Bertrand Russell a écrit que, à l’époque Victorienne, quand il était enfant, les jambes des dames ne devaient pas être vues en public. Les vêtements qu’elles portaient balayaient le sol, leur couvrant complètement les pieds. Si, par hasard, l’orteil d’une femme était visible, c’était assez pour éveiller le désir sexuel des hommes. Russell ajoute que les femmes d’aujourd’hui se promènent à moitié nues, les jambes entièrement visibles, mais cela n’affecte pas autant les hommes. Cela prouve, écrit-il, que plus nous cachons une chose, plus une attraction perverse en résulte.

Si le monde doit être affranchi de la sexualité, on devrait permettre aux enfants de rester nus à la maison aussi longtemps que possible. Autant que faire se peut, il est recommandé de permettre aux enfants, les garçons comme les filles, de jouer dans l’état de nature afin qu’ils prennent les uns les autres connaissance de leur corps. Ainsi, ils n’éprouveront pas le besoin, plus tard, d’essayer de toucher perversement le corps de quelqu’un dans la foule. Ainsi, il n’y aura aucun besoin d’imprimer des photos de nus dans les livres. Ainsi, ils seront les uns les autres si familiarisés avec leur corps que toutes les sortes d’attractions perverses pour le corps disparaîtront. Pour l’instant, le monde tourne à l’envers, et nous n’arrivons pas à comprendre que ceux qui nous ont imposé l’idée que nous devrions couvrir et cacher le corps sont ceux qui ont involontairement créé dans notre esprit une si grande attraction, une telle obsession pour le corps.

Les enfants devraient rester en costume d’Adam et Êve, et jouer tout nu jusqu’à un âge avancé, pour que les filles et les garçons puissent les uns les autres voir leur corps dans sa nudité. De cette façon, aucune graine de cette folle maladie ne les tourmentera pour le reste de leur vie. Maintenant, la maladie est déjà là et nous la voyons partout. De nouveaux moyens sont continuellement inventés comme exutoire. On publie de la littérature obscène. Les gens la lisent et la cachent dans la couverture d’une Bhagavad Gita ou d’une Bible. C’est de la littérature pornographique : nous exigeons alors que la littérature pornographique soit interdite, mais nous ne prenons jamais le temps de réfléchir pour savoir comment les gens qui lisent cette pornographie en sont venus là. Nous protestons à propos de l’exhibition d’images de nus, mais nous ne nous arrêtons jamais pour demander qui sont les gens qui veulent les voir. Ce sont des hommes qui ont été privés de voir le corps féminin. Une sorte de curiosité maladive s’est éveillée en eux pour connaître le corps féminin. De plus, le corps d’une femme n’est pas aussi beau que les vêtements l’ont fait paraître, et ainsi, plutôt que de cacher le corps, les vêtements ont servi à attirer davantage l’attention. Tout notre mode de pensée a apporté des résultats contraires.

Si nous pouvions comprendre trois choses correctement – quelle est la nature du sexe, quelle est la base de son attraction, et pourquoi il s’est perverti – alors, l’esprit pourrait aller au-delà du sexe. Il le devrait, il en a besoin. Malheureusement, les efforts pour dépasser le sexe ont donné de mauvais résultats parce que nous avons déclenché un combat contre lui. Nous avons créé l’inimitié, pas l’amitié. Nous avons créé la répression, pas la compréhension. Ce qui est nécessaire, c’est la comprehension, pas la répression. Plus profonde la compréhension, plus haute l’élévation des humains ; plus limitée est la compréhension, plus stricte la répression. Or, on n’obtient jamais de résultats sains et fructueux par la répression.

Le sexe est l’énergie la plus grande dans la vie humaine, mais on ne doit pas s’arrêter là. Le sexe doit être transmuté en superconscience. Le sexe doit être compris pour que le célibat puisse survenir. Connaître le sexe, c’est s’en libérer, c’est le transcender. Mais, durant toute une vie d’activité sexuelle, les gens ne font même pas le moindre effort pour comprendre que les rapports leur donnent une expérience fugace du samadhi, ouvre une fenêtre sur la superconscience. C’est cela, la grande attraction du sexe; c’est cela, les racines de l’attraction du sexe. C’est cette expérience-là qui vous magnétise. Avec réflection, avec conscience, vous devez comprendre cette expérience momentanée qui toujours vous tire. Par ailleurs, il y a des façons plus faciles d’atteindre la même experience : la méditation, la pratique de la conscience juste, les pratiques du yoga, sont d’autres moyens d’atteindre la même expérience, mais il est essentiel de savoir que c’est cette expérience qui vous attire.

Un ami a écrit pour dire qu’il a trouvé le sujet de mes causeries très embarrassant. Il m’a demandé d’imaginer la position délicate d’une mère assise dans l’auditoire avec sa fille; il m’a demandé d’imaginer une mère assistant à ma conférence accompagnée de son fils, ou un père accompagné de sa fille. Il a dit qu’on ne devrait pas discuter de telles choses ouvertement. Je lui ai dit qu’il est tout à fait naïf. Une mère sensée partagerait ses expériences sexuelles avec sa fille en temps voulu, avant que sa fille ne s’engage dans le monde du sexe, avant qu’elle ne soit détournée sur de mauvaises voies de sexualité, avec une compréhension immature et un manque d’information. Un père louable et intelligent partagera ses expériences avec ses fils et ses filles pour qu’ils ne s’égarent pas sur de mauvais chemins, pour qu’ils ne deviennent pas pervers.

L’ironie de la situation, c’est que ni le père ni la mère n’ont d’expérience profonde de la question. Ils n’ont eux-mêmes pas dépassé le niveau du sexe, ils craignent donc que, si leurs enfants entendent parler du sexe, ils pourraient aussi s’empêtrer au même niveau. Je demande à ce genre de personne : qui avez-vous écouté pour devenir ainsi empêtrés? Vous vous êtes empêtrés tout seul! Vos enfants aussi s’empêtreront tout seul. N’est-il pourtant pas possible, si on donne à vos enfants la compréhension, la capacité de penser, si on leur donne la conscience, qu’ils puissent éviter de dissiper leur énergie, qu’ils puissent conserver leur énergie et la transformer?

Nous avons tous souvent vu le charbon. Les scientifiques disent que, après une période de milliers d’années, le charbon se transforme en diamants, et qu’il n’y a aucune différence chimique ou structurelle entre le charbon et le diamant. Un diamant est la manifestation transformée d’un morceau de charbon. Un diamant n’est que du charbon. Le sexe est le charbon et le célibat est le diamant, l’état transformé du charbon. Le diamant n’a pas d’inimitié envers le charbon, c’est seulement une transformation du charbon. C’est un voyage du charbon vers une nouvelle dimension. Le célibat n’est pas en opposition avec le sexe, c’est une transformation du sexe. Celui qui est hostile au sexe ne peut jamais parvenir au célibat.

Si on doit s’engager dans cette dimension de la sexualité qu’est le célibat… et il est nécessaire de s’y engager, car, après tout, que signifie le célibat? Le célibat signifie que vous avez atteint l’expérience grâce à laquelle votre conduite et vos actions deviennent comme celle d’un dieu, grâce à laquelle votre vie devient comme celle d’un dieu. Cela signifie que vous avez atteint l’expérience de la divinité. Or, elle peut être atteinte en transformant vos énergies par la compréhension.

Au cours des jours à venir, j’ai l’intention de vous expliquer comment l’énergie sexuelle peut être transformée et comment elle se développe alors en expérience de superconscience. J’espère que vous écouterez attentivement, et qu’ensuite, vous ne vous méprendrez plus sur moi. Si des questions franches et sincères vous viennent à l’esprit, quelles qu’elles soient, posez-les, s’il vous plaît. Envoyez-les-moi par écrit pour que je puisse vous en parler directement durant les deux derniers jours du stage. Vous n’avez aucun besoin de cacher vos questions, quelles qu’elles soient. Il n’y a aucune raison de cacher la vérité de la vie, aucun besoin de se détourner de quelque réalité que ce soit. La vérité est la vérité, que nous fermions les yeux sur elle ou non. Je sais une chose : j’appelle spirituelle seulement la personne qui a le courage de faire face directement aux vérités de la vie. Ceux qui sont si faibles, lâches et impuissants qu’ils ne peuvent même pas faire face aux faits de la vie ne devraient jamais espérer être spirituels. Je vous invite donc à écouter ces propos, car vous ne pourrez jamais compter sur vos sages et sur vos prophètes pour vous parler de ce sujet. Peut-être, n’êtes-vous pas non plus habitués à écouter parler sur un tel sujet, peut-être votre esprit pourrait s’effrayer, mais j’espére encore que vous écouterez attentivement les jours à venir. Il est possible que la compréhension de la sexualité puisse vous mener dans le temple de la superconscience. C’est mon désir. Puisse l’Existence exaucer ce désir.

Extrait de From Sex to Superconsciousness – OSHO – repression to emancipation Discourse 28 September 1968

Livre publié en français sous le titre : Sous la couette – Sexualité, voie de l’extase Osho – Editions Jouvence

https://www.meditationfrance.com/enseigne/osho4.htm

 

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